«Tout était clair et limpide en elle»

Vous ne savez pas − dira le cardinal Arcadio Larraona aux funérailles de Maestra Tecla − vous ne pourrez jamais savoir à quel point [le pionnières] ont souffert, travaillé, prié. Vous avez trouvé les choses toutes faites, mais elles ne se sont pas faites par elles-mêmes… Que de labeurs, de travail, que d’inspirations ! Que de correspondances, que de sacrifices. Et quelle foi ! Le tout début d’une communauté religieuse, c’est tout un poème ! Je me souviens bien de votre mère : elle laissait voir clairement ce qu’elle était en vérité : tout était transparent, limpide en elle. Aucune démesure.

Chargée de guider la Congrégation, la Prima Maestra se remarquait non pas à cause de son rôle, mais parce qu’elle l’exerçait avec une grande simplicité. Sa vie était très simple, mais enrichie par un dévouement conscient, constant, généreux. Elle s’était engagée à progresser dans les vertus qu’elle pratiquait déjà dans sa famille. L’obéissance, l’humilité, la pauvreté, la chasteté, la prudence, l’union à Dieu, toutes ces vertus étaient en elle admirablement unifiées.

Elle avait ses limites, ses défauts ; elle eut ses luttes et ses conquêtes, ses défaites et ses reprises. Les personnes qui l’ont connue au début de la fondation et l’ont suivie jusqu’à la mort ont pu reconnaître en elle un parcours progressif vers Dieu. Petit à petit, elle devint plus suave, plus aimable, plus humble.

Portée par la force de Dieu

D’après ses notes spirituelles, il apparaît clairement que Maestra Tecla avait une conscience aiguë de sa petitesse. On y trouve souvent l’affirmation : «Moi, rien ; Dieu, tout; …arriver à comprendre jusqu’au bout que je suis rien…»

Ce sentiment d’être rien lui vient de sa santé fragile et de sa préparation inadéquate ; il découle surtout d’un profond sens de Dieu : son «rien» s’appuie sur la certitude que «Dieu est tout». Par conséquent «toute bonne chose vient de Dieu, tout est à lui, confiance pleine, absolue, totale».

Sa vie spirituelle est caractérisée par ce leitmotiv : «Seule, je ne peux rien ; avec Dieu, je peux tout.» Cette [conviction] «je peux tout avec Dieu» colore chaque aspect de sa vie : les initiatives apostoliques, la vie communautaire, la pauvreté, la souffrance, les voyages, les investissements économiques… Les obstacles, les fatigues, la faiblesse ne lui font pas peur. Elle est comme portée par la force de Dieu. Dans ses notes de 1927 elle écrit :

Cette année que par votre bonté, ô mon Dieu, vous m’avez permis de commencer, je veux bien la passer, s’il vous plaira que je la poursuive.

Dès maintenant j’offre mes prières, mes oraisons, mes souffrances, selon les intentions de Jésus présent dans l’eucharistie, et j’entends renouveler cette offrande à chaque battement de mon cœur. De plus, la nuit et quand je dors, je veux que ma respiration soit une communion constante avec mon Dieu. À chaque respiration j’entends dire : Jésus est avec nous et nous sommes avec Lui. De tout mon cœur, je demande la grâce de vaincre mon défaut principal, et la charité telle que voulue par monsieur le Théologien [le père Alberione], car ce qu’il veut [coïncide avec] ce que vous voulez, ô mon Dieu.

Bénissez, ô Très Sainte Trinité, ô Vierge Marie, ô saint Paul, ô mon ange gardien, ô mes saintes protectrices mes résolutions et rendez-moi fidèle jusqu’à la mort. Deo Gratias. Fiat voluntas tua[1].

Maestra Tecla contribuera à développer chez les premières Filles de Saint-Paul une profonde conviction : Quand on cherche Dieu uniquement, Lui, qui est Père, nous «enverra chaque jour la nourriture, le vêtement… Nous serons nourries de la chair du Sauveur et de son Évangile». (janvier 1932)


[1] T 1 (janvier 1927).

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